Réduite à néant, comme désintégrée le 6 août 1945, Hiroshima a su renaître de ses cendres pour transformer le souvenir d’un massacre en un message de paix délivré au monde entier.
Ce qui frappe lorsque l’on arpente les rues d’Hiroshima, c’est cette sérénité, comme si l’on avait réussi à apaiser les esprits torturés par tant de souffrances. Le boulevard de la paix, même s’il est bordé de chaque côté par de grandes avenues au trafic dense, est aussi un haut lieu de mémoire. Ici ou là, on retrouve les quelques arbres encore debouts, ceux qui pourraient raconter l’histoire tragique d’une ville, ceux qui ont « survécus » à la bombe Atomique…
Avant le désastre, et même avant la guerre, Hiroshima était reconnue dans les domaines de l’éducation et de l’industrie abritant même le « Hiroshima Prefectural Industrial Promotion Hall ».
Ce dôme, appelé aussi Atomic Bomb Dome, car il se trouve très près de l’hypocentre, c’est à dire dans la zone d’impact majeur de la bombe, est aujourd’hui devenu le symbole de la paix, mais aussi le symbole de l’espoir. Car, si bien trop de vies ont été emportées, Hiroshima n’est pas devenue pour autant un no man’s land. Certaines de ses constructions ont résisté à l’attaque et le peuple japonais a su redonner un second souffle à cette ville martyrisée.
Pour comprendre l’histoire d’Hiroshima, il faut se rendre au Mémorial de la paix. On y retrouve tous les documents liés à la préparation de l’attaque, mais aussi à l’acquisition de l’arme nucléaire par les Etats-Unis, notamment au travers de la lettre d’Einstein adressée à Roosevelt. Et finalement, ce dont on se rend compte, c’est à quel point l’on a sacrifié des vies humaines dans le seul but d’une démonstration de force, dans le seul but de tester une nouvelle arme de destruction massive. Ce, malgré les réticences des scientifiques eux-mêmes et de certains hauts responsables tel que le Général Dwight Eisenhower, qui écrira dans ses mémoires, que le Japon était déjà battu et que l’utilisation de la bombe s’avérerait complètement inutile.
Hiroshima a donc été relativement épargnée des bombardements pour mesurer les effets exacts de la bombe. Elle a aussi été choisie car ici il n’y avait pas ou peu de prisonniers américains… Et les effets n’ont pas tardé à se faire sentir… 1 seconde après l’explosion, la bombe rayonnait déjà sur 280m de diamètre et la température y frôlait les 5000°C…
Observer les plans la ville avant et après le largage de la bombe fait froid dans le dos.
140 000 vie éteintes… Près de la moitié d’entre elles en une fraction de seconde…Parmi ces décès, ceux de nombreux enfants réquisitionnés dans les usines et contribuant à l’effort de guerre.
Ici, sur cette photo, le vélo sur lequel un enfant âgé de quelques années seulement jouait au moment de l’attaque. Son père l’enterrera dans le jardin familial avec ce vélo et ce casque qu’il aimait tant…
Ici encore on aperçoit une ombre sur le trottoir. C’est la trace laisser par un homme totalement désintégré par la bombe. Une poussière de cendre…
Et combien succombaient plusieurs jours après l’attaque à leur brûlures, la peau liquide, gluante, fondant comme neige au soleil… Mais l’histoire ne se termine pas là… Combien d’hommes et de femmes atteints ensuite de tous les maux plusieurs années plus tard. Comme cette petite fille, Sadako Sasaki qui avait deux ans au moment de l’attaque. Atteinte d’une leucémie due à la bombe atomique, elle mourut à l’âge de 12 ans. Se raccrochant à la légende des mille grues, la petit fille pensait que si elle en pliait mille en respectant l’art de l’origami, elle serait guérie… Décédée avant d’avoir pu terminer, une statue dédiée à sa mémoire se dresse dans le Parc de la Paix d’Hiroshima.
Et dire qu’après cela, l’utilisation de la bombe A fut envisagée dans d’autres guerres notamment au Vietnam et pendant la Guerre du Golfe.
Décrire ce que l’on ressent dans ce musée est impossible, on se sent bouleversé évidemment, mais aussi retourné au plus profond de son être jusqu’à en avoir la nausée.
Mais venons-en au grand message délivré par le musée. Et c’est là, que le débat peut être lancé. A chaque fois qu’un essai nucléaire a lieu dans le monde, le Maire d’Hiroshima adresse un courrier au pays l’ayant mené. Si les premières lettres furent bien souvent envoyées aux Etats-Unis, elles sont aujourd’hui adressées à Pyongyang… Hiroshima prône donc, et c’est légitime, le désarmement complet et incite le monde entier à faire de même. Ne serait-ce pas une vision trop idyllique du monde ? N’est-ce pas une façon aussi pour le Japon de nous dire, maintenant c’est vôtre problème, c’est à vous de gérer ? On sait très bien que certains pays sous couvert de nucléaire civil vont bien plus loin… Doit-on donc se désarmer et risquer une attaque pour cause de non-capacité de riposte ? Alors, dissuasion nucléaire, ou pas ?
sylvie bernigaud / 7 octobre 2012
Juste un grand merci!!
Frankie / 15 octobre 2012
Bravo Amandine, je ne sais pas si nous ressentons la même émotion que toi mais ton article est très prenant ! Une grande pensée à Mlle Sadako Sasaki.
Amandine / 20 octobre 2012
Merci beaucoup !
Mali / 10 janvier 2014
Je ne pense pas qu’il faille se désarmer mais il est important de rappeler le souvenir du drame d’Hiroshima. Article instructif en tout cas !
Marie / 15 janvier 2014
Très émue par ton article. Merci d’avoir partagé cette vision d’Hiroshima.