A nous l’Outback ! A nous le grand nulle part, les terres arides dépourvues de toute végétation ou presque ! A nous les routes droites, longues, fumantes, interminables ! L’Outback c’est tout ça. A la fois une aventure grandiose mais qui se vit dans la douleur, toujours…
Jour 1
Nous partons de Townsville vers 9 heures du matin à la conquête de l’Ouest Australien. Notre premier arrêt se fait une heure plus tard dans les hauteurs de Charters Towers, ville d’environ 8 000 habitants, et où selon la légende, un jeune aborigène de 12 ans y trouva de l’or à la veille de Noël, en 1871. De 1872 à 1899, ce métal des plus précieux fera prospérer la ville, à tel point que sa population atteindra même les 27 000 habitants, faisant d’elle l’une des plus grandes villes du Queensland après Brisbane. Le « Lookout » situé en périphérie de la ville permet d’admirer, ce qui fut jadis, le théâtre d’une conquête incessante, digne d’un Far West américain. On dit d’ailleurs qu’il resterait une immense réserve d’or dans les profondeurs de la ville. Mais il faudrait creuser si profond que le coût de l’exploitation de cette mine serait bien trop important… Que les riches aventuriers tentent leur chance… ! Après cette arrêt instructif, nous reprenons la route… Pendant près de 6 heures, les paysages défilent devant nous… Nous voyons le bush.
La terre n’est pas vraiment rouge, plutôt marron foncé, et de nombreux petits buissons secs d’une cinquantaine de centimètres jalonnent notre parcours. Nous croisons quelques exploitations bovines. Les bœufs ont un terrain immense, des dizaines d’hectares pour eux tout seul, mais pas un brin d’herbe fraîche, ni même un arbre digne de ce nom pour s’abriter du soleil… Nous croisons un bœuf noir ayant trouvé un peu d’ombre sous les branches d’un petit arbre ridicule, carbonisé, noir, prêt à se transformer en cendres… La chaleur est insoutenable, sans la clim, nous n’aurions pas survécu ! 40 degrés dans l’air, et le soleil qui brûle nos peaux pourtant bronzées… Nous parcourons ce jour là 666 km jusqu’à Julia Creek, là où nous dormons pour la nuit. Le prix de la cabine est raisonnable, et nous avons la clim ! A 8 heures du soir, le soleil est couché et l’air est toujours aussi pesant, le sol encore bouillonnant…
Jour 2
Le lendemain, nous partons vers 7 heures pour rouler à la fraîche… A 8 heures, le soleil frappe déjà de ses rayons fous. Nous prenons notre petit déjeuner vers 10 heures dans la dernière « ville » avant d’entrer dans le néant. L’arrêt se fait donc à Mount Isa. Ici, c’est LA ville minière de la région et qui prospère encore aujourd’hui. Le point de vue nous permet d’admirer les énormes bassins creusées dans la terre et dans les collines alentours. Les cheminées fument, les camions s’agitent. Ici l’on extrait beaucoup de zinc et de cuivre mais la ville a commencé à exister en 1923 lorsqu’un homme découvrit une couche riche d’argent et de plomb dans la périphérie, près de Cloncurry. A Mount Isa, tout le monde travaille dans les mines. A tel point que les jobs dans le secteur du service ne sont pas pourvus. Nous avons rencontrés des français à qui l’on avait fortement conseillés de postuler en tant que serveur par exemple. Mais vivre ici, au milieu de nul part, dans l’une des régions les plus chaudes du pays, n’est pas vraiment l’image que l’on se fait du rêve australien… Le boulot attendra !
Après cette pause, nous continuons la route, en direction de Three Ways, là où la route se sépare. Là où vous choisissez de poursuivre vers le Nord, vers Darwin, ou vers le sud, vers Alice Springs. Mais nous n’y sommes pas encore ! Nous devons avant cela faire un peu plus de 600 km, ce qui va bien occuper tout notre après-midi! A mesure que nous avançons, le bush devient néant, et seule la terre, et quelques petites boules d’herbes sèchent voguant au gré du vent nous entourent. Passée la frontière entre le Queensland et le Northern Territory et ce n’est plus 100 km qui séparent chaque village (certain indiquent seulement 30 habitants… ce sont en général des Roadhouses) mais plutôt 250 à 300 !
Lorsque mon père me demande au téléphone si ce n’est pas une légende, le fait de devoir mettre de l’essence à toutes les stations pour être sûrs de ne pas tomber en rade… Je lui répond NON effectivement, en grande connaissance de cause ! Nous comptons également le nombre de voiture croisées sur 300 km… Et le résultat est : 22 !!! plus 2 camions, plus un tracteur sur le bord de la route ! Imaginez un peu, vous roulez sur une route toute droite pendant plusieurs heures, sur plusieurs centaines de kilomètres, sans jamais croiser personne… Heureusement la limitation de vitesse est passée à 130 au lieu de 110 ! Merci le Territoire du Nord !
Nous arrivons finalement à Three Ways vers 18 heures, il n’y a plus aucune cabine de libre, la prochaine roadhouse est à 70 kilomètres… Nous sommes sur le point de dormir pour la première fois dans notre voiture ! Une pratique qui deviendra bientôt une habitude…

De Townsville à Three Ways – 1560 km parcourus en 2jours
Merci à Marion, Etienne et Guillaume pour leurs photos. Ils ont fait la route quasiment en même temps que nous, et nous les avons rencontrés un peu plus tard, sur le chemin pour Darwin.