C’est parti pour la ruée vers l’ouest australien ! Alors que nous sommes aux portes du bush, nous entamons la plus longue journée de notre trip !
Nous quittons Ceduna au petit matin. Les couleurs du lever de soleil enchantent notre départ. Il fait frais, et le ciel est dégagé.
Nous roulons toute la matinée, à la rencontre des wombats écrasés (nous n’en verrons pas un seul vivant ce jour-là). Nous abordons quelques heures plus tard la plaine du Nullarbor, qui s’étend sur près de 1200 km. La route est vide, « nullus arbor » signifiant en latin, « sans arbre ». La plaine est aussi appelée Oondiri par les aborigènes, ce qui signifie « sans eau ». Nous sommes donc au milieu de nulle part, dans une contrée sans végétation, sans eau, mais où la mer longe parfois la route. La vue sur la Great Australian Bight est donc la seule attraction d’un itinéraire tracé en plein désert.
Toujours dans le Nullarbor, nous abordons à midi, la frontière entre le South Australia et le Western Australia. Nous passons une sorte de petite douane où les produits frais et le miel sont contrôlés.
Lorsque nous passons en territoire de l’ouest, nous avons déjà gagné 45 minutes dans cette journée qui durera pour nous 26H30 ! Nous avons également parcouru presque 500 kilomètres ! Mais la route est encore longue ! Nous déjeunons sur des tables installées à l’extérieur d’une Roadhouse. Au menu, olives, salami, jambon, et « presque pain », un repas de bons frenchies au plein milieu du bush ! Sur la route de l’ouest, sont aussi égrainés sur 1365 km, des parcours de golfs. Les connaisseurs s’arrêtent donc à chaque Roadhouse, leur matériel à la main, pour tenter de vaincre le parcours de 18 trous, qui s’étend de Ceduna à Kalgoorlie.
Et le Nullarbor continue à se dévoiler devant nous. Nous arrivons alors devant le panneau 90 Miles Straight, une route droite de 146,6 km. La plus longue route droite de l’Australie. Comme son nom l’indique, vous ne tournerez pas votre volant d’un poil sur la longueur indiquée ! Autant dire qu’il faut s’accrocher pour ne pas piquer du nez ! Quand vous en sortez vous vous sentez revivre, vous avez surmonté l’insurmontable ! La voilà, la satanée route !
Parce que le temps ne parvient pas à nous rattraper, nous roulons le plus longtemps possible, le plus loin possible avant la nuit. Et c’est à 19 heures que nous abordons Esperance, là où les français ont débarqué en 1792. Nous avons parcouru depuis Ceduna 1403 km en cette journée de 26h30 ! Un record absolu !
Esperance est une petite ville de bord de mer, mignonne, mais pas du tout dynamique. Nous sommes samedi soir et il est impossible de trouver quelque part où dormir… Nous finissons par installer notre voiture à l’entrée d’un Caravan Park avec d’autres retardataires. Nous payerons notre dû le lendemain.
Dimanche, nous partons donc pour une petite visite de la ville.
Comme le tour est vite fait, nous partons explorer les plages alentours par la Great Ocean Drive, une route d’une quarantaine de kilomètres qui nous mène vers les eaux les plus turquoises jamais observées ! La côte est magnifique, la route inoubliable…
Sur le chemin, l’Observatory Point nous apprend un peu de l’histoire des Français en territoire australien. Une plaque commémore ainsi l’arrivée de deux bateaux français « La Recherche » et l’« Esperance », le 9 décembre 1792 sur cette plage.
La baie de l’Esperance, ainsi que la ville d’Esperance, ont ainsi gardé le nom d’une des frégates ! La France est un peu ici avec nous !
A la fin de la route, l’on peut même observer un Pink Lake qui, hélas pour nous n’est pas rose à ce moment là, mais couleur crème. Le Pink Lake est le résultat de la présence de l’algue verte Dunalilla salina et d’une bactérie halophile dans un lac de sel. Lorsque le niveau de salinité est grand, et que les températures et la luminosité sont élevées, l’algue accumule du bêta-carotène pour se protéger de la luminosité. C’est le bêta-carotène qui lui donne ainsi cette couleur rose-orangée. Dans le Western Australia, l’on utilise ainsi l’algue pour produire le bêta-carotène contenu notamment dans les colorants alimentaires.On retrouve cette algue dans les différents lacs de sel du monde, et aussi en France. Le nom de l’algue viendrait d’ailleurs d’André Dunal qui fut le premier à découvrir l’implication de l’algue dans la coloration des lacs de sels en France. La bactérie halophile joue elle-aussi son rôle. La couleur du lac dépend ainsi d’un l’équilibre entre algues et bactéries.
Après cette petite balade instructive, nous reprenons la route. Nous arrivons le soir dans le petit village de Newdegate. Nous nous arrêtons dans un Caravan Park où le chien est sourd et où le chat bave… Ici, la réceptionniste nous fait un énorme prix sur la cabine, mais il ne faut surtout pas le dire à son mari ! Une telle générosité nous fait chaud au cœur. Nous apprécions vraiment sont geste…
Le lendemain, nous partons dans l’idée de rejoindre Perth au plus vite, mais un panneau touristique nous fait changer d’itinéraire ! Kévin a entendu parler du Wave Rock il y a fort longtemps, il ne pensait pas le trouver, il est ravi ! Nous faisons donc un petit détour où nous croisons un étrange petit lézard à langue bleu !
Mais le détour aurait pu nous coûter cher ! Nous passons par une route non goudronnée et nos pneus sont de moins en moins sûrs… Nous roulons près de 30 kilomètres à 30 à l’heure… A l’entrée de la route, une maison… Puis, plus rien… Nous ne croisons pas une voiture… Pas de réseau non plus… Nous sommes coupés du monde sur une route caillouteuse avec des pneus en carton ! La plus longue heure de ma vie ! Petite vidéo pour que vous vous rendiez compte !
Le Wave Rock, est une formation rocheuse composée de granite et qui s’étend sur une longueur de 110 mètres. Il est haut de près de 15 mètres. Sa formation a commencée il y a 60 millions d’années. Sa particularité : il est une vague déposée en plein désert ! Il a été façonné par l’eau et le vent au fil du temps. La vague est composée de plusieurs couleurs qui sont le résultat de la dissolution des minéraux par l’eau pendant les mois les plus humides.
Le rocher est aussi peuplé de mignons petits lézards, appelés les Ornate Dragon Lizards.
Après cette balade, nous décidons de faire checker nos freins qui font un bruit de plus en plus étrange ! Le garagiste nous dit de changer les plaquettes avant au plus vite, mais comme nous sommes au milieu de nowhere, il ne les as pas en réserve. Il nous dit que nous pourrons quand même atteindre Perth située à presque 350 kilomètres de là… Il ne nous parle pas des pneus…
Un peu affolés, nous filons direct à Perth. Autour de nous, de nombreux lacs de sel.
Perth c’est grand, et il est compliqué de trouver un Caravan Park avant la fermeture, mais nous y arrivons ! Nous dormons dans la voiture, dérangés par des jeunes qui hurlent et qui claquent leurs portes de voitures. Le lendemain, nous nous levons tôt et nous nous prenons la tête avec une demoiselle que nous avons réveillé en claquant notre porte… Évidemment, qui est-ce qui râle tout le temps… ??? Les Français… Nous lui expliquons qu’elle ne s’est pas gênée la veille mais madame se croit au dessus des autres… Nous la laissons à ses illusions et nous partons pour faire changer nos plaquettes !
Mais les plaquettes sont encore BONNES !! La bruit vient seulement de la poussière accumulée ! Le monsieur de l’Outback s’est bien moqué de nous, s’il avait eu les pièces, nous aurions raqué pour rien. Le nouveau garagiste est honnête, il nous rend la voiture sans frais.
Nous sommes fins prêts pour affronter à nouveau le désert, en direction du nord-ouest ! Notre dernier trip avant l’arrivée des parents de Kévin nous mènera à Monkey Mia, paradis rempli de dauphins !