Début d’après-midi, nous voilà à Oamaru. La pluie nous accompagne encore et toujours… Nous avons repéré un spot pour observer nos fameux manchots aux yeux jaunes appelés aussi manchots antipodes, mais il va falloir attendre le coucher du soleil pour avoir une chance de les voir. Nous entamons donc une visite de la ville… Et très vite, nous tombons sur un musée des plus étranges !
Nous voilà dans l’univers du Steampunk, un genre plutôt inattendu et original de la science fiction, qui évolue dans un univers farfelu de machines à vapeur de toutes sortes. Les créations qui en résultent sont des versions alternatives d’objets et de constructions de l’époque Victorienne, c’est à dire de l’Angleterre du 19ème siècle.
La ville d’Oamaru, qui possède encore de nombreux bâtiments et constructions datant de cette période, est donc un lieu idéal pour dévoiler l’art du Steampunk.
Cet univers rétro-futuriste reprend d’ailleurs à sa façon, les inventions imaginées par des auteurs tels que H.G Wells ou encore Jules Verne, mais aussi par des séries télévisées comme le Dr Who.
Apparu pour la première fois en 1987, le Steampunk se mêle aisément à d’autres genres, tels que l’horreur, le gothique ou encore la fantaisie.
Le musée que nous visitons aujourd’hui à ouvert ses portes en novembre 2011, ajoutant à ses décors des éléments de la science fiction industrielle.
Le bâtiment appelé « Meeks Grain Elevator Building », véritable QG du Steampunk, a été construit en 1883 par les architectes Forrester and Lemon pour le marchand de céréales J. and T. Meek.
Oamaru était à cette époque un port maritime florissant, de la même taille que celui de Los Angeles. L’immeuble de 5 étages était le seul de son genre dans l’hémisphère sud. Plus de 210000 mètres de poutres en bois furent utilisées pour sa construction. En 1920, les deux derniers étages ont été ravagés par un incendie spectaculaire, donnant ainsi au lieu, une ambiance encore plus intrigante…
Après cette interlude en terre farfelue, nous continuons notre visite de la ville et de ses bâtiments et boutiques de style Victorien. La sensation étrange ressentie dans le musée ne nous quitte toujours pas. L’ambiance ici, un jour gris, nous ramène des années en arrière, comme dans un film du Londres des années 1800.
Puis, nous passons la porte d’un bar, et c’est ici que nous faisons une rencontre au sommet. Un français travaille dans la région depuis des années, il est de Bordeaux, il s’appelle Yves. La serveuse nous confie ne toujours pas comprendre son anglais malgré toutes les années. Nous faisons sa connaissance, et il est vrai que son accent français, est lui aussi, très spécial. L’homme nous parle de son métier du moment et par la même occasion de l’univers bovin et ovin. Sur la route, nous avions remarqué tous ces prés remplis de moutons. Sur certaines parcelles, les moutons sont tellement entassés que l’on se demanderait presque si ce n’est pas de l’élevage intensif…
D’après notre interlocuteur, qui travaille dans les abattoirs, le pays compterait aujourd’hui près de 34 millions de moutons. C’est d’ailleurs deux fois moins que dans les années 80. A l’époque, le pays comptait 22 moutons par habitant. Le chiffre est tombé aujourd’hui à 8 ovins par néo-zélandais. L’élevage du mouton reste cependant un secteur très important.
La région d’Oamaru est une plaque tournante de l’exportation ovine, puisque près de 10 000 moutons et entre 500 à 1000 vaches seraient abattues ici chaque jour. Si nous pensions que les néo-zélandais mangeaient beaucoup de moutons, nous n’en avons pas vu beaucoup au menu des restaurateurs. Nous avons donc maintenant notre explication. Tout ou presque est exporté. Pour ce qui est des bovins, l’homme nous confie qu’à son arrivée il y a 30 ans, l’animal n’était que peu présent dans les prés de la région mais que son nombre était en augmentation croissante.
Cette discussion très intense nous mène à un point où l’homme nous dévoile aussi les techniques d’abattages des animaux, dont je vous passerai les détails… On sent bien que l’homme aime beaucoup les bêtes et que tout ça l’embête un peu… Arrivé ici en tant que cuistot pour faire découvrir aux néo-zélandais les joies de la gastronomie à la française, Yves avait vite déchanté. Ne supportant plus de devoir servir des steaks et des légumes trop cuits, il a donc décidé de changer de voie… Nous quittons notre nouvel ami très touchés par sa sincérité.
Il est maintenant l’heure de nous diriger vers la mer, pour aller observer les manchots aux yeux jaunes qui sortent de l’eau. Et à notre arrivée, miracle ! Un petit manchot, est là, tout près !
Nous attendons encore, et les autres apparaissent au loin dans les vagues. Ils sortent et vont se cacher dans les arbustes des falaises qui bordent la côte. C’est encore un beau spectacle pour nous !
Nous les avons chercher ces manchots les plus rares du monde, et nous les avons trouvés ! Nous repartons, le baume au cœur.
Le lendemain, une autre journée nous attend en territoire plus ou moins français…
Le paysage pour atteindre Akaroa est superbe. Le ciel a enfin décidé de nous accorder quelques rayons de soleil. Toutes les conditions sont donc rassemblées pour de beaux clichés !
Situé dans la péninsule de Banks à 75 kilomètres de Christchurch, le village fut d’abord habité par les tribus maoris avant d’être découvert en 1770 par James Cook qui pense alors que le bras de terre qu’il aperçoit là est une île.
Si les anglais intensifient leur présence dans le pays dès 1830, les baleiniers français s’approchent eux-aussi des côtes de la Nouvelle-Zélande. C’est ainsi qu’en 1836, le capitaine Jean-François Langlois a l’idée de créer une colonie française ici pour éviter de devoir faire les allers-retours incessants entre l’hémisphère nord et l’hémisphère sud. Il achète ainsi la Péninsule où se trouve le village d’Akaroa aux maoris et rentre en France pour envoyer une expédition colonisatrice. C’est ainsi que débarque le 17 août 1840 les premiers colons français sur le bateau « Le Comte de Paris ». A son bord, Joseph Libeau et sa famille. La famille qui compte déjà 2 enfants, s’agrandira encore une fois sur l’île. Les bâtiments construits par l’entrepreneur sont encore visibles dans le village et une plaque a même été érigée en 1990 en son honneur.
Mais en 1840, le problème pour les Français est que les Anglais ont déjà tout colonisé ou presque. Ne reste alors aux nouveaux colons que deux villages, dont celui d’Akaroa. Celui-ci garde encore de nombreuses traces de la période française, même si plus personne ici ne parle le français.
Une petite balade dans la ville, et nous revoilà partis sur les routes à l’assaut de Christchurch…