Nous quittons Rio Gallegos, capitale de la province de Santa Cruz, tôt le matin. Notre destination n’est plus qu’à quelques 13 heures de bus… C’est là que commence une longue… Très longue journée…
Si nous avions presque pris l’habitude d’avoir un repas chaud et assez complet dans les bus de la compagnie Andesmar (compagnie avec laquelle il faut cependant bien veiller sur ses bagages…), là, avec Tecni-Austral, c’est un peu le drame ! Nous roulons au départ sans encombre. Vers midi, notre bus nous propose un repas qui devra nous faire la journée… Un sandwich froid sous vide… Dégueulasse… Heureusement j’ai mes bonbons au miel. Arrivés à la frontière chilienne quelques minutes plus tard, il faut jeter le paquet ! La sortie d’Argentine dure longtemps, c’est le week-end et beaucoup de touristes cherchent à rejoindre comme nous la Patagonie. Tampon de sortie, puis tampon d’entrée au Chili, nous sommes prêts pour remonter dans le bus qui nous emmène au ferry. Le temps est maussade, nous humons difficilement l’air froid, la sensation que la glace n’est plus très loin nous étreint.
Un fois de l’autre côté, nous entrons en Patagonie Chilienne.
Il nous faut rouler encore trois bonnes heures avant d’atteindre une nouvelle fois la frontière. Nous devons maintenant ressortir du Chili pour réentrer en Argentine. Cette fois-ci, il y a moins de monde. Les températures commencent déjà à baisser… Une heure plus tard, nous débarquons à Rio Grande. De là, nous devons changer de bus, c’est notre dernière escale avant la Terre Promise, Ushuaïa ! Ce dernier trajet avec un bus de la compagnie Tecni-Austral sera pour nous le pire des voyages. Il reste encore cinq heures de route. La luminosité baisse à vue d’œil et les températures tombent carrément en dessous de 0. Le problème… Dans notre bus, il n’y a pas de chauffage ! Nous ne sommes qu’une dizaine alors qu’il peut accueillir une quarantaine de personnes. Du coup, nous passons tous à l’avant pour tenter de se donner un peu de chaleur humaine. Je ne sens plus mes pieds ni même mes mains et malgré toutes les couches que j’ai sur moi, je tremble de froid. Même les vitres se mettent à geler… Pour avoir la chance de voir de ses yeux les paysages magnifiques qui nous attendent, il faut apparemment le mériter…
Nous arrivons finalement de nuit à Ushuaïa. Mais notre calvaire n’est pas encore terminé. Pour atteindre l’appartement de notre hôte, il faut grimper dans les hauteurs de la ville. Heureusement, Federico nous fait faire une pause dans une petite épicerie pour nous acheter les meilleures empenadas de la ville… Il est vrai que nous sommes aussi pas mal affamés ! Federico apprend le français à l’Alliance française d’Ushuaïa. Avec lui nous parlons un peu toutes les langues, même si l’anglais revient le plus souvent… C’est une chance inouïe pour nous de partager le quotidien d’un Argentin de la Patagonie. Il nous conseille les plus beaux lieux à visiter, nous parle de la vie ici, du froid auquel on s’habitue. Il nous dit aimer vivre ici, aimer la nature. Ayant vécu à Buenos Aires, il a pris la poudre d’escampette car certains quartiers sont selon lui dangereux. Ici à Ushuaïa, il n’a pas peur de sortir le soir tard pour aller à son travail. En effet, il travaille de nuit dans un hôtel.
Comme il s’intéresse à la culture française, nous lui parlons musique. Il dit avoir reçu des Français qui lui ont fortement conseillé d’écouter Zaz… Indignés, nous réparons les dégâts en lui bourrant le crâne de Johnny, Goldman et autres classiques de la chansons française… Non mais Zaz… Et puis quoi encore, Matt Pokora ? Je ne résiste évidemment pas à l’envie de lui faire écouter mon idole, Mylène Farmer, qu’il trouve un peu bizarre…
Enfin, nous retombons en enfance en écoutant la comédie musicale Notre-Dame de Paris. Comédie qu’il étudie en ce moment lors de ses cours de français.
C’est cinq nuits et soirées paisibles que nous passerons chez lui. Le plus souvent il nous fait à manger car il aime cuisiner, ce qui n’est pas pour nous déplaire et puis bien sûr, nous partageons le Maté, une infusion traditionnelle que les Argentins aiment partager chez eux ou dans la rue avec leurs amis. Le conteneur, petit pot en bois est appelé le Maté alors que la paille en fer pour aspirer le liquide s’appelle la Bombilla. Le « lle » se dit « che » en argentin. Tout près du poêle, nous passons des nuits paisibles…
Comme nous sommes arrivés de nuit, la vue de la ville de jour nous fait un choc. Au bord du canal Beagle, le paysage est de toute beauté !
Nous ne nous attendions pas du tout à ça. La luminosité est douce, la neige donne de l’éclat au bleu de l’eau. Les monts et vallées enneigés qui entourent la ville nous enchantent. Nous avons trouvé notre Terre !
Après une petite promenade, nous décidons de commencer notre visite par un voyage en bateau sur le canal Beagle. Nous rencontrons ici un jeune allemand, premier germanique rencontré en Amérique du Sud ! On dirait que ses compatriotes préfèrent largement l’Australie et l’Asie !
Durant cette escapade de deux heures trente, nous avons la chance de croiser le chemin des Manchots de Magellan en route pour les eaux plus chaudes du Pérou ou du Brésil.
Dans quelques jours ils ne seront plus là…
La vue ici est spectaculaire…
Des paysages pures…
Nous observons beaucoup d’oiseaux, des faucons aux cormorans..
Nous arrivons ensuite près du Phare « Les Eclaireurs » mis en service en 1920 et construit par une expédition française. Il a ainsi été nommé en hommage aux îlots alentours qu’il convenait d’éclairer.
Tout près de là, un banc de phoques nous regarde passer, le groupe est serein…
Certaines otaries nous font même quelques coucous de leurs nageoires. A notre retour sur la terre ferme, nous ne sentons plus nos extrémités et le soleil a laissé place aux lumières de la ville…
Notre première journée au bout du monde s’achève… Nous retrouvons notre refuge convivial pour la nuit. Demain, nous en prendrons encore plein les yeux…
Elisabeth / 23 janvier 2014
M a g n i f i q u e ! ! !