Le temps est venu pour nous de quitter Ushuaia et la Patagonie, une semaine de pur bonheur s’achève alors. Cinquante heures de bus nous attendent maintenant pour rejoindre Córdoba, et le nord du pays. Nous embarquons de nouveau sur le ferry, cette fois-ci le soleil nous accompagne. Puis, nous reprenons la route, passant de l’Argentine au Chili, puis du Chili à l’Argentine…
La route défile devant nous, et nous perdons toute notion du temps. Le soleil se lève et se couche, nous nous arrêtons dans quelques stations abandonnées au milieu de nulle part. Les chauffeurs de notre bus de la compagnie Andesmar nous proposent des jeux, nous participons ainsi à un genre de loto où l’on peut gagner une bouteille de vin.
Des films en espagnol sous-titrés en anglais nous tiennent compagnie. Les chiens des douaniers viennent sentir nos sacs à dos. Nous passons d’une terre froide et aride à des champs remplis de cactus… Nous avalons près de 3000 kilomètres de bus… Et, alors que l’on n’y croyait plus, nous voilà arrivés à destination ! Córdoba nous voilà !
Nous arrivons à Córdoba en fin de matinée. Les températures ne sont plus les mêmes. Avec nos sacs sur le dos, nous avons chaud ! Pourtant, il nous reste encore une bonne demi-heure de marche avant d’atteindre notre auberge.
A notre arrivée, la chambre n’est pas libre, nous allons devoir attendre à la petite boulangerie d’à côté. Nous mangeons une petite pâtisserie, petite gourmandise qui nous avait manqué durant ces deux jours consécutifs de bus.
Notre chambre nous est finalement délivrée et c’est là que notre calvaire commence ! Après deux jours de bus, on veut se dégourdir les jambes certes, mais l’on aspire aussi à un lit douillet pour pouvoir enfin s’allonger et être un peu au calme… Oui mais non. Ici, le maître mot c’est la FIESTA, la fiesta et encore la fiesta. Notre chambre étant juste à côté de la cuisine, nous ne pouvons pas nous endormir avant trois heures du matin car les énergumènes alcoolisés parlent fort et le matin à partir de 7h, nous sommes réveillés par les bruits de vaisselle, puis par le petit-déjeuner des occupants ! Du coup, nous ne dormons pas, et nous n’avons pas du tout envie de faire copain-copain avec les autres habitants de l’hôtel ! Le dernier soir, on nous change de chambre pour que nous soyons plus tranquilles et là, c’est le drame, les discussions interminables de la nuit teintées de musique se transforment en une énorme fiesta encore plus très alcoolisée et où tout le monde crie… Du coup, que nous soyons à côté de la cuisine ou à l’étage, ça ne change rien pour notre sommeil… Bref trois nuits horribles dans cette auberge nommé The One Hostel que nous déconseillons à tous ceux qui aiment le calme et la sérénité ! Cependant, si vous aspirez à la fête, foncez-y dès maintenant d’autant plus que l’hôtel est plutôt récent, et que tout est propre !
Seule chose un peu marrante de l’histoire, ces deux grands-mères logeant elles-aussi à l’auberge, l’une attendant de se faire opérer de l’oeil. Les deux femmes sont les commères de l’hôtel, elles passent leurs journées à regarder la télé et à discuter avec les petits jeunes qui passent. Elles partagent même le maté avec Kévin… ! Peut-être que nous sommes plus vieux que l’on ne le pense. 😉
Malgré ces nuits folles, Córdoba est une ville douce que nous visitons lentement. Le premier jour, nous nous dirigeons vers l’Eglise de la Compagnie de Jésus. Achevée en 1671, elle serait la plus vieille église d’Argentine. Un monument religieux remarquable pour sa toiture, la voûte longitudinale de sa nef ainsi que sa coupole ayant été réalisées entièrement en bois. Le monument fait partie intégrante de la Manzana Jesuítica ou cité jésuitique classée au Patrimoine de l’Humanité en 2000 par l’UNESCO.
L’intérieur vaut lui aussi le détour, les peintures de ses plafonds étant très joliment travaillées.
La nuit approchant, nous nous dirigeons vers la Plaza San Martin, les lumières de la villes s’illuminent alors…
Après cela, nous nous rendons dans un restaurant pour y dévorer de belles fajitas, à côté de nous, la Bourgogne nous accompagne…
Le lendemain, nous retournons à la Plaza San Martin pour admirer la Cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, l’église mère de la ville de Córdoba.
En face sur la place, une cérémonie bat son plein. Nous sommes le 2 juin et c’est la fête nationale italienne. La communauté italienne de Córdoba est donc réunie ici…
Nous admirons le spectacle un moment avant de nous diriger vers le Passage San Catalina, qui fut depuis sa création un lieu de tortures, de répression et de meurtres. A l’époque coloniale, les indigènes, mais aussi les esclaves et les opposants étaient exécutés ici. A partir de 1930, les bâtiments le long du passage furent cèder à la Police de la Province de Córdoba qui, durant de nombreuses années, persécuta les communistes et les anarchistes. Dans les années 1960, cette dépendance de la Police réprimera de façon systématique les étudiants, les artistes et les militants politiques. A partir des années 1970, durant la dictature militaire, le Département d’Informations de la Police de la Province de Córdoba, plus connu sous le sinistre nom de « D2 », utilisa ce passage pour couvrir ses actions répressives et devint un Centre Clandestin de Détention, de Tortures et d’Exterminations. En 2006, la promulgation de la Ley de la Memoria consacra ce lieu en un espace de Mémoire, de Vérité et de Justice.
Ces empreintes gravées sur les murs de ce qui fut un lieu de tortures rassemblent plus de mille noms de personnes disparues notamment entre 1969 et 1983.
Nous nous dirigeons ensuite vers un lieu plus paisible de la ville, le Paseo del Buen Pastor, centre culturel de la ville. Ici, l’ambiance est reposante, les travaux artistiques des étudiants sont exposés et l’on peut aussi assister à quelques expositions.
Tout près de là, se trouve la très belle Iglesia del Sagrado Corazon à l’architecture néogothique. Ses travaux de construction ont débuté en 1926 et se sont terminé en 1934.
En soirée, nous nous rendons dans le Paseo de las Artes près de la Cañada. Le lieu est rempli d’artisans et d’objets traditionnels de toutes sortes. Les argentins y sont nombreux, flânant d’étals en étals. On retrouve même des danseurs de rues…
Une balade animée, où l’on parle et où l’on se bouscule, l’esprit latin dans toute sa splendeur…
Après cela, nous nous rendons dans un restaurant avec l’idée de ne prendre qu’un encas avec le traditionnel maté. Mais lorsque nous arrivons, il est trop tard pour tout ça, il faut commander un vrai plat. Je commande une pizza simple du genre Margarita, et là, que vois-je arriver, une pizza recouverte de mayonnaise… What the fuck ! Indignés nous demandons à être remboursés ! Et là, nous nous entendons dire que c’est la norme ici, que toutes les pizzas sont recouvertes de ce condiment dégoutant… L’histoire du touriste pigeon. Je ne suis pas italienne mais je pense que c’est une grosse insulte à toute l’industrie de la Pizza !
Pour notre dernier jour en ville, nous flânons dans la grande cour de la Manzana Jesuitica, véritable lieu de paix, avant de nous promener dans le centre-ville.
Nous nous reposons car le lendemain, nous passerons la journée à cheval ! Ce soir-là, nous pensons nous détendre en regardant le fameux épisode 9 de la troisième saison de Game Of Thrones, et là c’est le drame !
Bref, le lendemain, nous partons pour une journée de balade à cheval à la Estancia Santa Gertrudis de Candonga, petite bourgade située à 10 kilomètres au nord de Cordoba. Nous sommes très bien accueilli par Salvador, notre guide Gaucho. La petite entreprise familiale du nom de « Salvador Gimenez Turismo Ecuestre » est au contact des chevaux depuis 15 ans déjà. Durant notre balade nous sommes 4, une argentine qui teste le tour pour l’auberge de jeunesse où elle travaille et une Allemande qui travaille aux côtés de Salvador depuis qu’elle est arrivée en Argentine, il y a près d’un an. Nous sommes donc un peu privilégiés. Avant de monter à cheval, nous arpentons les lieux et faisons le tour de la Capilla, cette petite église restaurée.
Et puis c’est parti pour une journée de folie !
Le terrain est escarpé mais les chevaux sont dociles, certains étant plus lents et mollassons que d’autres. Nous avons de la chance, la journée est très ensoleillée !
Nous parcourons ainsi de petites forêts de sapins, des rivières claires, ainsi que des paysages de rocheuses. Nous croisons aussi sur notre route des oiseaux carnassiers. Nous sommes dans la Sierra de Cordoba et l’environnement est si paisible que l’idée de s’installer ici dans la Estancia avec notre Gaucho nous frôle et nous fait vivre un doux rêve…
Le midi,nous nous régalons d’un véritable Asado Argentin, nous sommes 5 (avec le guide) et nous avons presque 5 kilos de viande de bœuf à manger ! Nous goûtons à différents morceaux de viande bien choisis, le tout accompagné de poivrons et de salade.
Après cette pause gustative au bord du ruisseau de San Fernando, et une cure intensive d’espagnol avec les filles, nous faisons demi-tour pour rentrer à la Estancia.
La luminosité descendante, les paysages s’emplissent de nostalgie… Je ne veux plus partir d’ici…
Une belle journée avant de reprendre le bus, direction La Rioja, où nous attend Vicky, notre nouvelle hôte !