Guide naturaliste depuis plus de 25 ans, Sylvain Mahuzier est aussi guide polaire. Ainsi, il partage chaque année son amour des pôles en se rendant en Arctique l’été et en Antarctique l’hiver. Portrait d’un grand voyageur.
« Quand j’étais petit, on me racontait des histoires d’Afrique, d’Australie, de Canada… ». Issu d’une grande famille de voyageurs, Sylvain Mahuzier n’a que 13 ans lorsque son grand-père (initiateur de Connaissance du monde et ayant collaboré avec les plus grands, du Commandant Cousteau à Paul-Emile Victor) l’emmène en Europe sur le tournage de l’un de ses films « La grande aventure des oiseaux migrateurs ». Il y découvre des milliers d’oiseaux, et décide de devenir Ornithologue.
De son côté, son autre grand-père lui apprend la photographie. Ainsi, pour alimenter ses conférences mais aussi ses livres, Sylvain Mahuzier exerce sa passion de la photo lors de ses voyages. Dans les pôles, il dit aimer la variabilité de la lumière, les pastels…
Lorsqu’il ne voyage pas, ce voyageur du bout du monde réside dans le Loiret, où il étudie l’impact des éoliennes sur les oiseaux migrateurs ainsi que sur la faune et la flore locale. Il travaille notamment sur le volet chauve-souris et sur le phénomène de barotraumatisme, le souffle des pâles d’éoliennes pouvant faire exploser les poumons des petits chiroptères.
Un premier voyage en Islande
La grande aventure de Sylvain Mahuzier débute en Islande. Après avoir économisé durant près de trois ans, il part près d’un an faire le tour de l’Islande, muni d’une tente et d’un 4X4. Il part y étudier les volcans mais aussi les oiseaux, « je voulais voir le Macareux Moine » lance-t-il , ce perroquet de mer noir et blanc au bec coloré de façon si caractéristique.
Crédit Photo – Sylvain Mahuzier
« Là-bas, j’ai passé une semaine complète seul entouré d’une colonie de phoques. J’étais libéré de tout. Le premier jour je les ai approchés à 50 mètres, le dernier, ils évoluaient à seulement 5 mètres de moi » se souvient-il. Aujourd’hui, l’Islande est comme sa seconde patrie. « Cela fait des années que j’y vais, et je ne retrouve jamais la même lumière, la même ambiance, les situations changent et les rencontres aussi. »
Du Pôle Nord au Pôle Sud
Guide indépendant, Sylvain Mahuzier se déplace ainsi sur la planète au gré des saisons.
Crédit Photo – Sylvain Mahuzier
En janvier, il part à la recherche des aurore boréales en Islande puis il descend en Antarctique de Février à Mars avant de passer l’été en Arctique, en Islande et en Norvège. Lorsque je l’ai rencontré, il rentrait de 6 semaines dans le détroit de Béring. « J’aime le froid » dit-il, « je me sens mieux par – 30 degrés que par + 30 ! ».
L’amour des animaux
Crédit Photo – Sylvain Mahuzier
« Ce que je recherchais auparavant de manière presque exclusive dans mes voyages, c’était les animaux, aujourd’hui avec la maturité, je m’attache plus aux ambiances et aux rencontres », explique-t-il. L’ours est cependant un animal qu’il affectionne tout particulièrement : « Je mets cela sur le compte de ma vie intra-utérine » raconte-t-il. « Lorsque je suis née, mes parents rentraient d’un voyage au Canada où des ours étaient venus quémander à manger alors qu’ils étaient assis dans leur voiture ». Ses parents l’appelleront finalement Sylvain, du latin Sylvae qui signifie la forêt, en hommage à ce voyage. Enfin, il raconte avec émotion ses rencontres animales en Antarctique, sur l’île de Géorgie du Sud. « Ce que j’aime, ce sont les circuits de repérage. Durant 15-20 minutes, je m’assois seul, les manchots royaux et les éléphants de mer viennent picorer mes bottes. Puis, je lève la tête, et j’assiste à un spectacle extrêmement frappant, une ambiance inoubliable… J’aperçois 100 000 manchots royaux au loin devant moi… »