Encore bercés par la musique de New Orleans, nous glissons sur les routes de Louisiane en remontant vers le Nord. Nous quittons le jazz pour le blues, le Bayou pour longer le Mississippi. Première destination : Bâton Rouge, un secteur découvert par les explorateurs français en 1699. La ville fut baptisée ainsi parce que de grands poteaux rouges avaient été érigés là par les Amérindiens. Dotés de têtes de poissons et d’ours, ils étaient des offrandes offertes en sacrifices.
Nous débutons notre tour de Bâton Rouge en milieu de matinée et tombons très vite sur la Cathédrale Saint-Joseph, imposante et parfaitement entretenue. Construite entre 1853 et 1856, elle fut remodelée en 1921 puis en 1966, lui donnant petit à petit son caractère gothique.
Après quelques rencontres avec de beaux spécimens d’écureuils au pelage noir, nous nous dirigeons vers le Capitole de l’Etat de Louisiane.
Nous arrivons par le State Capitol Park où l’on aperçoit au loin une grande statue.
Nous nous rapprochons et découvrons de plus près la statue de Huey Long, gouverneur, puis sénateur de Louisiane Il fut un personnage politique reconnu et construisit de nombreux ponts, des routes, des écoles ou encore des hôpitaux. Alors qu’il se lance dans la course aux présidentielles, il est assassiné dans le mois qui suit en 1935. Il a alors 42 ans.
Nous montons ensuite les marche du capitole. Sur chacune d’elles, se trouve les noms des Etats Américains et leur date d’adhésion à l’Union.
A l’intérieur, un long couloir nous mène à la statue de Jean-Baptiste Lemoyne, Sieur de Bienville, qui fut gouverneur colonial de l’Etat de Louisiane à plusieurs reprises. Ce territoire s’étendait à cette époque du Golfe du Mexique au Canada. Jean-Baptiste Lemoyne était le frère d’Iberville, cette homme qui décrivit l’arrivée de l’expédition française à Bâton Rouge notamment. Voyageant jusqu’à la Nouvelle Orléans, Jean-Baptiste Lemoyne nomma la ville en l’honneur de Louis Philippe, duc d’Orléans. Dans les colonies, les conditions de vie étaient difficiles, la faim et les maladies se faisant souvent dévastatrices. Bienville développa alors de bonnes relations avec les Amérindiens lui permettant de faire du commerce avec eux et de nourrir les affamés. Bien que Bienville ne soit pas reconnu pour ses politiques et son contrôle des colonies, il aura réussit l’exploit d’empêcher le désastre en maintenant la colonie sur pied. Il sut faire face à la maladie, à la faim, à la criminalité grandissante et au défaut de main d’oeuvre dans la colonie. Connu comme le « Père » de la Louisiane, il quitta New Orleans en 1743 et n’y revint jamais…
Notre visite se continuait ensuite dans les différentes salles de la Louisiana House of Representatives où siègent 105 membres. Chaque membre représente une population d’environ 42 500 personnes.
Leur mandat dure 4 ans et peut être renouvelé 3 fois. Actuellement, c’est le parti républicain qui est majoritaire avec 59 sièges contre 44 pour les démocrates et 2 sièges occupés par des indépendants.
Terminant notre visite nous retrouvons plus d’explications sur le meurtre de ce cher Huey Long. Pour les uns, il était considéré comme le « champion des pauvres » répétant que les richesses de la Nation devaient être partagées. Pour les autres, il était considéré comme une menace pour les libertés constitutionnelles. Ainsi, dans la nuit du 8 au 9 septembre 1935, Long est appréhendé par le Dr Carl Austin Weiss, peu après sa sortie de la Chambre de Représentants de Louisiane. Selon le rapport officiel, le Dr Weiss l’aurait alors abattu d’une seule balle tiré depuis un pistolet automatique. Les officiers de sécurité du Sénateurs ripostèrent alors et Weiss fut tué par une pluie de balles. On retrouve notamment une illustration reconstituant la scène.
Après toute ces émotions, nous quittons alors le Capitole et reprenons la voiture pour voguer vers d’autres horizons. Notre prochaine destination : Memphis. 5H30 de route nous séparent de la ville. Nous pourrons faire quelques arrêts ! Le premier arrêt sera pour manger, dans un fast-food comme d’habitude. Il n’y a pas beaucoup de choix de toute façon. Nous y commandons des pizzas. Ici tout le monde est obèse et lorsque l’on voit quelqu’un avec un peu d’embonpoint seulement, on le trouverait presque mince… Et ensuite on se regarde, et on comprend… Non, même ce type n’est pas mince du tout… Ensuite, impossible de retrouver notre position exacte sur la carte, mais il semblerait que nous sommes sur le territoire des Indiens Natchez. Nous ne devons pas être loin alors de la ville de Natchez, située à quelques 2 heures au nord de Bâton Rouge. Ça semble coller à notre périple et aux horaires de repas ! Nous sommes alors dans l’Etat du Mississippi. Adieu Louisiane… Nous reviendrons un jour, c’est promis !
Nous arrivons sur un site historique et archéologique appelé le Grand Village des Indiens Natchez mais qui n’est pas un village pour autant… En effet nous sommes ici sur un terrain fait de monticules cérémoniels. Nous sommes donc au cœur d’un centre de cérémonie qui était utilisé par les Natchez durant la période coloniale française entre 1682 et 1730. Ici ne vivait que le « Great Sun », le chef des indiens Natchez ainsi que quelques officiels de la tribu. Les autres vivaient dans les fermes alentours. Les membres de la tribu ne se retrouvaient là que pour y pratiquer des cérémonies religieuses ou lors de grands événements sociaux. Il était difficile pour les explorateurs français de témoigner de ce qu’il se passait ici mais en 1704 des colons français racontent avoir vu ici une cérémonie de funérailles donnée en l’honneur d’une femme au rôle important au sein de la tribu. Puis ils virent en 1725 des rites funéraires accompagnant la mort du chef « Tattooed Serpent ». Pour l’accompagner dans sa vie après la mort, on sacrifiait également ses épouses et ses servantes. Ces « mounds » ou monticules cérémoniels ont commencé à être érigés dans les années 1200. Ces « villages » étaient utilisés par les chefs des tribusainsi que pour y bâtir les temples et les lieux sacrés.
Les explorateurs racontent aussi qu’un temple était construit près de la hutte du chef Great Sun et qu’un feu y brûlait jour et nuit pour représenter le soleil. Ces monticules ont été décrit en premier par Iberville en 1700.
C’est la guerre contre les colons français qui força les indiens Natchez à abandonner le Grand Village dans les années 1729. Certains Indiens s’allièrent alors aux Anglais pour combattre les Français.
En partant, nous découvrons cette jolie petite pancarte et nous sommes reconnaissants de ne pas avoir croisé les dits venimeux serpents…
Nous reprenons ensuite la route en direction de Clarksdale où nous passerons la nuit. Si nous choisissons de nous arrêter ici c’est qu’il y a une raison. En effet, outre le fait que la ville soit considérée comme le berceau du Delta Blues et que de nombreux musiciens y sont nés, c’est ici que se trouve un club de blues tout particulier cogéré par le très célèbre Morgan Freeman.
Le Ground Zero de son nom, semble être le point de ralliement de la jeunesse de la ville mais pas que. Ici, musique, boisson, food et décos à gogo se mêlent à la population hétéroclite… Un lieu de fête et dans une ville tout sauf accueillante il faut bien le dire… Bon même si nous n’avons pas eu l’occasion de rencontrer le grand patron, nous aurons eu une petite discussion assez fun avec un couple d’américains venus de Californie, la quarantaine, et partis en road-trip à travers les US.
Le lendemain, nous arrivons enfin à Memphis et poussons les portes de l’Etat du Tennessee. Nous sommes évidemment accueillis au Welcome Center par le grand Elvis dont nous visiterons dès le lendemain l’ancienne demeure « Graceland ». Un épisode dont nous vous parlerons un peu plus tard. Bref Elvis nous attend, c’est parti pour un petit tour de la ville !
Nous passons ensuite la soirée sur Beale Street…
…au rythme du blues, des hot-dogs et de la bière.
Nous sommes ici où le premier morceau de blues fut écrit, là où Elvis devint une star, là où marchèrent Eisenhower et Martin Luther King. Demain, nous passerons aux choses sérieuses, ce soir nous nous laissons bercer par l’ambiance de la rue…