Orongo est l’un des endroits les plus sacrés de l’Île de Pâques. Site principal du Rock Art Rapa Nui, ses milliers de pétroglyphes montrent l’importance de ce lieu dans les temps plus anciens. Mais c’est ici aussi, qu’à partir du 16ème siècle, l’on pratiqua le culte de Make Make, dieu étroitement lié à la fertilité, au printemps, et aux oiseaux migrateurs. A vocation religieuse, le village d’Orongo et ses 54 maisons a ainsi été bâti à partir de la fin du 15ème siècle. Il sera ensuite utilisé pendant près de 300 ans comme point central dans la pratique des rites Rapa Nui. C’est le seul village cérémoniel de l’Île.
Si les cultes ancestraux sont représentés en grande quantité sur l’île, au travers notamment de statues mégalithiques remarquables que sont les moaïs érigés, à partir du 16ème siècle c’est un ordre nouveau qui apparaît. Peu à peu abandonnée, la culture préhistorique mégalithique Rapa Nui, qui fut un réel mode d’expression politique et religieux, est alors remplacée par le culte du dieu Make Make. Orongo en deviendra le « lieu de pèlerinage ».
Utilisé dès le 16ème siècle durant quelques semaines, seulement au printemps, Orongo est un village fragile, de par sa proximité avec les hautes falaises et les abords du volcan Rano Kau. Il est aussi exposé à l’érosion par l’eau de mer, le vent, et la pluie. Les demeures sont faites de dalles de pierre et leur design rappelle celui des maisons bateaux, communes sur le reste de l’île. Pour y entrer, il faut ramper. Les maisons sont très basses, l’entrée est petite et étroite, et une fois à l’intérieur, il est impossible de se mettre debout. Les maisons sont d’ailleurs utilisées seulement lors des cérémonies religieuses par les membres les plus importants de la communauté, les chefs et les prêtres notamment.
La compétition de l’homme oiseau
Si chaque année de plus en plus de gens se rendent à Orongo c’est pour une raison bien précise. Depuis le village, l’on peut observer au loin, une île appelée Motu Nui. Les seuls habitants de ce petit bout de terre sont les Manutara, ou sternes fuligineuses, qui y effectuent chaque année leur nidification. C’est sur la terre des oiseaux que se joue alors une grande compétition.
Ainsi, tous les ans au printemps, les chefs des différentes tribus ou leur représentants s’affrontaient pour rapporter le premier œuf de Manutara et ainsi devenir le nouveau chef de l’île pour l’année qui suit. Pour se faire, il fallait descendre la grande falaise de 300 mètres à mains nues, puis nager jusqu’à l’île, une activité des plus périlleuses. Puis, les Hopus ou compétiteurs, attendaient, cachés dans la vingtaine de caves que compte l’île, le premier œuf de sterne. L’attente pouvait durer plusieurs jours voire plusieurs semaines. L’heureux gagnant devait ensuite revenir au village, c’est à dire remonter la falaise, pour devenir le nouveau Tangata Manu ou homme oiseau. Le nouveau chef était alors considéré comme « tapu », qui signifie sacré en Rapa Nui, et devait vivre en réclusion cérémonielle pendant un an. La dernière compétition de ce genre eut lieu en 1867.
Manuel Reuther / 4 octobre 2013
Cette île semble vraiment perdu dans l’océan, on peut se demande comment et pourquoi des hommes ont un jour décidé d’édifier des monuments précisément sur l’ile depaques.
Merci pour le détail très précis de cet article ainsi que pour les superbes images.
De l'île de Pâques au Chili - Have a nice trip / 21 novembre 2013
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