Nous arrivons au Chili et Santiago la capitale, nous rappelle Paris. Pourquoi, nous ne le savons pas vraiment. C’est peut-être cette ambiance latine que nous avions oubliée depuis ces 8 mois de voyage, qui se matérialise de nouveau sous nos yeux.
Il faut dire que l’agencement des rues, l’architecture parfois, et l’atmosphère en général ressemblent beaucoup à Paris (les rues y sont aussi sales). Ici, les pics de pollution atteignent cependant des sommets, faisant de Santiago, l’une des villes les plus polluées d’Amérique Latine après Mexico. Cernée à l’est par la cordillère des Andes et à l’ouest par la cordillère de la Costa, la ville ne bénéficie pas d’une position géographique idéale pour la circulation et le renouvellement de son air. Il est ainsi difficile pour le vent de balayer les particules.
Pour notre premier jour ici, nous nous reposons car les derniers jours sur l’île de Pâques ont été plus qu’éreintants. Nous découvrons donc doucement la ville, pas à pas, à commencer par la Plaza de Armas, d’où nous avons une belle vue sur la Cathédrale de Santiago.
Plus tard, lorsque mon père nous aura rejoint, nous y entrerons même pour découvrir ce bel intérieur.
Sur la place, les vendeurs de tableaux ont investi les lieux, et les passants flânent tout autour. Par ici, l’on dit que sont présents de nombreux péruviens. D’après notre rencontre avec un chilien via Couchsurfing, il semblerait que les deux nationalités ne s’apprécient guerre… Les deux pays se disputent d’ailleurs l’une de leur spécialité, le pisco. Impossible vraiment de savoir d’où vient cette eau-de-vie de raisin alcoolisée à 40 degrés, et véritable boisson nationale pour les deux pays. Le Pérou semble pourtant avoir un avantage puisque l’une des villes du pays porte le nom de Pisco. En tous les cas, nous avons pu tester la liqueur au Chili dans le cocktail « Pisco Sour », agrémentée de jus de citron, et c’est une tuerie. Mon père en parle encore !
Pour en revenir aux problèmes entre le Chili et le Pérou, les racines de la discorde semblent bien ancrées. Le Chili décide de repousser ses frontières du nord et attaque le Pérou et la Bolivie de 1836 à 1839, puis une seconde fois en 1879, on l’appelera la guerre du Pacifique (1879-1884). Ce conflit armé opposa le Chili au Pérou et à la Bolivie. Le Pérou perdit la région de Tarapacá au sud et la Bolivie sa province de Litoral, ces deux territoires devenant chiliens à la fin de la guerre. Aujourd’hui, la question des frontières reste sensible entre le Chili et le Pérou, le contentieux concernerait une superficie maritime d’environ 38 000 mètres carrés. Voici ce que l’on peut lire sur le site Global Voices « En 1980, des négociations bilatérales entre les deux pays ont été tenues, pour la première fois, mais n’ont abouti à aucun accord. En 2008, le Pérou a porté le litige devant la Cour Internationale de Justice (CIJ), qui, à son tour, a examiné la question lors d’une audience publique en décembre 2012. La CIJ devrait rendre sa décision à la mi-2013 ». La Cour internationale de justice de La Haye qui devait trancher en juillet, avait alors repoussé sa décision. On peut enfin lire sur le blog Latinioo, site de veille d’actualités sur l’Amérique Ibérique et alimenté dans le cadre de la licence d’Economie et Gestion de la Faculté des Sciences Economiques de l’Université Rennes 1, que la cour internationale de justice a finalement informé les deux pays le 25 septembre dernier que la résolution du litige ne pourrait pas intervenir avant janvier 2014.
Pour en revenir à nos moutons, nous parcourons donc Santiago du Chili, de rues en rues. Nous marchons dans la calle Ahumada, où les affiches de campagne de Michelle Bachelet font prendre conscience de l’échéance présidentielle à venir.
Comme les présidents au Chili ne peuvent pas prétendre à deux mandats consécutifs, Michelle Bachelet, présidente de 2006 à 2010 a dû attendre ces nouvelles élections pour pouvoir se représenter. Dimanche dernier (17 novembre), l’ex-présidente socialiste, forte d’une bonne popularité, est ainsi arrivée largement en tête du premier tour des présidentielles avec 46% des voix. Elle se retrouvera au second tour le 15 décembre prochain, contre l’ancienne ministre du travail de la droite traditionnelle, Evelyn Matthei, qui a remporté 25 % des voix au premier tour.
Notre marche nous mène finalement près du Cerro Santa Lucia que nous visiterons seulement très momentanément après s’être fait dépouillé volontairement d’une bonne dizaine euros. En arrivant sur le site, deux jeunes chiliens nous accostent et nous font part des problèmes des étudiants qui ne peuvent pas se payer l’université. En effet, d’après le témoignage d’un étudiant pour La Croix, «L’école publique est mauvaise, faute d’investissements. Il faut donc s’inscrire dans le privé pour être pris ensuite dans les bonnes universités. Et là encore, il faut payer, même dans le public. Moi, par exemple, je finirai mes études avec une dette supérieure à 20 millions de pesos (NDLR : 30.000€)». Une somme exorbitante dans un pays où, d’après l’OCDE, le revenu moyen disponible ajusté net des ménages par an (la somme dont dispose un ménage chaque année après impôts) est de 11.039 dollars soit 8.194 euros ou un peu plus de 680 euros par mois.
Nos deux nouveaux amis ont donc une vraie cause à soutenir, seulement voilà, nous ne connaissons pas encore très bien les billets, et puis il semblerait que ces jeunes-là utilisent ce prétexte pour se faire de l’argent auprès des touristes… Dans le doute, nous donnons un peu, mais voilà, on se trompe de billet… La somme que nous leur donnons et qu’ils prennent sans ciller correspond au moins à une journée de dépense… En échange, nous aurons droit tout de même à de bons conseils sur les spécialités locales (dont le fameux pisco) et les endroits où se promener… Plusieurs jours plus tard, nous les recroiserons d’ailleurs à ce même endroit avec mon père, ils nous reconnaîtrons et nous saluerons… Tu m’étonnes !
Même si nous ne montons pas tout en haut du cerro (colline) ce jour-là, le lieux est très mignon.
Le lendemain, nous visitons le très agréable barrio Bellavista, où nous prenons un verre.
C’est dans ce quartier que se trouve d’ailleurs La Chascona, la maison du célèbre écrivain, homme politique, poète et penseur chilien, Pablo Neruda.
Suite des aventures au prochain épisode.