Ville du bout du monde, considérée comme la plus australe de la planète après le village de Puerto Williams, Ushuaia est aussi la capitale de la province argentine « Terre de Feu, Antarctique et Iles de l’Atlantique Sud », située la plus au sud du pays. Si elles tournent autour de 2 degrés en moyenne en hiver, les températures dépassent difficilement les 14 degrés l’été. Le climat y est comparable à celui de Reykjavik en Islande. Mais au-delà de ces informations établies, Ushuaia est un lieu captivant, comme magique, enserré de glace et entouré d’une nature omniprésente qui lui donne une âme particulière.
La Terre de Feu
De nombreuses ethnies nomades ont vécu sur ces terres refroidies du sud de la Patagonie. Des communautés nomades de la terre et d’autres de la mer, les uns vivant de la chasse et de la cueillette, les autres de la pêche. Les Kawésqar, ces nomades marins, représentaient ainsi l’ethnie la plus importante des Indiens de la Terre de Feu. Une terre qui tire son nom des habitudes des premiers habitants. En effet, lorsque les premiers marins explorèrent ces côtes australes au 16ème siècle, ils virent de grands feux disséminés un peu partout. Vivant nus, les indiens qui se déplaçaient en famille de campements en campements, transportaient toujours dans leurs canots le feu qui les réchauffait. Les colonisateurs européens virent dans la nudité de cette population un signe d’infériorité et rapportèrent dans leurs premières chroniques la mauvaise odeur de ces hommes et de ces femmes si bien adaptés au milieu dans lequel ils évoluaient. En effet, ces derniers se couvraient de graisse de mammifères marins, leur permettant ainsi de se protéger du froid et de l’humidité et même de plonger dans l’eau glacée pour pêcher. Lorsque les missionnaires arrivèrent quelques années plus tard, les indiens moururent en masse, massacrés pour l’obtention de leurs terres, mais aussi décimés par les maladies. L’entêtement à vouloir les habiller et les sédentariser joua aussi un rôle dans le déclin d’une population qui se retrouva perpétuellement trempée. Pour aller plus loin, voici deux sites très intéressants : celui de l’expédition Hielo Continental « La Trace des Hommes » effectuée par Christian Clot et Patagonia 2009.
Si Ushuaia est aujourd’hui une ville très touristique, faite de nombreux restaurants, d’hôtels et de magasins outdoor, elle est aussi entourée d’une nature exceptionnelle. Un canal paisible, des montagnes qui protègent la ville, un parc national préservé, voilà ce que vous devrez explorer !
Le Canal de Beagle
Première excursion, premiers éblouissements. Partez à l’aventure sur le canal de Beagle et admirez les couleurs du coucher du soleil sur le phare « Les Eclaireurs », mis en service en 1920 et construit par une expédition française.
Le bateau vous mènera tout d’abord en direction de Bridges Island pour une petite marche où vous découvrirez la faune et la flore locale.
L’île contient aussi des restes archéologiques des premiers habitants du lieu, les indiens Yamanas, nomades des mers comme les Kawésqar. Vous poursuivrez ensuite vers Alice Island pour admirer une colonie de Lions de Mer.
Puis, vous passerez par la très odorante Bird’s Island pour y admirer le Cormoran Impérial.
Dans l’eau, les manchots de Magellan montreront sûrement le bout de leur nez !
Le demi-tour s’effectue au phare « Les Eclaireurs », qu’il ne faut pas confondre avec le Phare du bout du monde situé sur l’île des Etats, à l’est de la Terre de Feu. Lorsque la nuit sera tombée, vous pourrez enfin apprécier la vue sur une ville enfouie dans les montagnes et toute illuminée !
Le Glacier Martial
Le lendemain, partez en direction du Glacier Martial ou Cerro Martial situé à 1300 mètres d’altitude. Le glacier serait la plus grande source d’eau potable de la ville d’Ushuaia.
Sept kilomètres vous séparent du glacier. La ville étant située à 6 mètres d’altitude seulement, la marche pour atteindre ce très cher Martial est difficile mais revigorante. Certains choisissent de monter en voiture, mais quoi de mieux que de prendre ses jambes et d’admirer en chemin la ville qui rapetisse à mesure que vous montez… Une vue splendide…
Si l’on suit la route, la montée se fait en zigzag mais il est possible de couper tout droit ! Alleluia !
A l’arrivée au pied de cette grande montagne se tient une petite station de ski qui ne semble pas en circulation au moment où nous y sommes (fin du mois de Mai). Il faut préciser que là-bas, ce n’est que le début de l’hiver. Donc, « pas de skieurs » dit « pas de télésiège non plus » ! Il faut donc encore monter à pied. Deux solutions s’offrent à vous. D’un côté, les rivières gelées sous le télésiège où l’on retrouve peu de neige.
De l’autre, la piste de ski, où l’on s’enfonce énormément. Après avoir opté pour la première solution nous nous rabattons sur la deuxième…
Et puis quelques 40 minutes plus tard… Nous voilà au pied du glacier !
Une sorte de petite aire de repos vous permet de vous asseoir, de pique-niquer, ou bien de méditer en profitant de la jolie vue… A partir de là, soit vous êtes équipé et vous pouvez vous enfoncer encore plus dans la neige… Bottes de sept lieues… Ou plus sérieusement raquettes ou skis… Sinon, faites demi-tour avant de disparaître dans la poudreuse…
Les plus malins prendront avec eux une luge pour redescendre à la vitesse de la lumière !
Le Parc National de la Terre de Feu
Au début de l’hiver, peu de chemins sont accessibles aux promeneurs. Une journée entière dans le parc permet ainsi de faire le tour des pistes ouvertes au public. Ainsi, depuis la gare routière d’Ushuaia, vous prendrez un mini-bus qui vous mènera au Parc situé 10 kilomètres plus loin. Il est également possible de prendre le taxi mais les prix sont légèrement plus élevés si vous le prenez à deux. La solution la plus économique étant évidemment de faire du stop…
Une fois arrivé à bon port, vous pourrez rejoindre et longer la Lapataia Bay. Le Parc national de la Terre de Feu est le seul parc en Argentine à posséder une côte maritime comme limite naturelle. Il est délimité à l’ouest par le Chili et au sud par le Canal de Beagle.
Vous vous enfoncerez ensuite dans les terres en direction de la Laguna Negra.
Vous passerez par la Castorera d’où vous pourrez observer les barrages construits par les castors. Difficile de rencontrer les animaux en journée, mieux vaut venir en été pour les observer au lever du jour. En 1946, 25 couples de castors avaient été introduit dans le parc, avec l’espoir qu’ils pourraient se reproduire et étendre leur habitat. Aujourd’hui le castor est présent quasiment partout dans l’archipel « Fueguino » Chilien et Argentin.
Puis, passez par dessus le Rio Ovando et appréciez de magnifiques paysages…
Vous remonterez ensuite vers le nord en direction du Hito XXIV Trail et passerez devant le bâtiment de la Police Nationale. D’ici, vous longerez la Lapataia River avant d’atteindre le Campsite.
Ici, l’on retrouve un petit restaurant qui sert de délicieux chocolats chauds !
Là, vous verrez de nombreux piverts en plein travail !
De là, vous pourrez emprunter le Hito XXIV Trail qui longe par la forêt le Lac Roca, jusqu’à la frontière chilienne.
Les journées d’hiver étant courtes, pas le temps d’aller jusqu’au bout du chemin. La navette revient vous chercher avant la tombée de la nuit.
Sur le chemin, un renard de Magellan, assez fourbe, nous suit…
La forêt est gelée, figée…
La vue ici, alors que le soleil décline est superbe…
Une nouvelle journée s’achève au bout du monde… Si vous souhaitez en voir plus, revenez en été !
Brice @ WWB / 5 février 2014
Vraiment superbe, bravo pour les photos, ça donne envie d’y aller 🙂
Have A Nice Trip / 9 février 2014
Merci, tout le monde devrait pouvoir un jour se rendre là-bas… Merveilleux !
LaRoux / 8 février 2014
Vous devriez mettre vos photos plus grandes, ce serai encore mieux 🙂
Have A Nice Trip / 9 février 2014
Nous sommes de train de réfléchir à la modernisation du site, cela pourrait donc venir 🙂