Nous passons quelques jours à Salta, le temps d’explorer les alentours et de découvrir l’histoire de la ville et de la région. En soirée, nous nous dirigeons vers la Calle Balcarce rendue piétonne le soir, et où s’égrainent discothèques, restaurants et petits marchés de produits artisanaux. La vie y est douce…
A quelques centaines de kilomètres au nord de Salta se trouvent plusieurs villages que nous pouvons visiter en bus. Les villes étapes sont San Salvador de Jujuy, Pumamarca, Tilcara et Humahuaca. La route est entourée de roches colorées, de cactus et de reliefs élevés.
Notre point de départ, Salta, est situé à 1187 mètres d’altitude, Humahuaca, la destination finale, est située à 2947 mètres d’altitude. Il va donc falloir monter et supporter l’altitude ! Pour cela, nous faisons un arrêt dans une petite boutique pour acheter des feuilles de coca sur les conseils de notre guide. Les argentins du nord mais aussi les boliviens et les péruviens sont de grands consommateurs de feuilles de coca. Si l’on nous dit simplement d’en mettre quelques-unes au fond de notre bouche et de les laisser infuser quelques heures pour éviter les maux de tête, le chauffeur de bus lui, les mastique sans compter et ressemble à un hamster tellement il en a plein les joues ! Effets psychologiques ou réels résultats, nous arriverons à Humahuaca sans ressentir le moindre problème. Seul hic, la moindre petite montée deviendra très éprouvante !
Après une bonne heure et demi de route, nous faisons une première « escale » dans la ville de San Salvador de Jujuy où nous tournons autour de la place centrale sans même avoir le temps de sortir du bus… La ville est entourée de montagnes. Rien de très sensationnel pour l’instant.
Les paysages commencent à changer lorsque nous débutons notre périple vers Pumamarca. Les montagnes se colorent petit à petit devant nos yeux, comme pour nous préparer au spectacle que nous admirerons une heure plus tard.
Nous débutons notre cure de coca à ce moment-là. Et puis, nous atteignons enfin les abords de Pumamarca et le Cerro de Los Siete Colores ! Merveilleux ! Du beige au vert, en passant par le rose et l’orangée, la montagne semble emprunte de magie !
Cet arc-en-ciel de couleur semble être le produit d’une histoire géologique complexe. On retrouverait notamment ici des sédiments marins et fluviaux apportés par les mouvements des plaques tectoniques.
Nous entrons ensuite dans le village de Pumamarca situé au pied de cette montagne colorée. Ici, on a l’habitude des touristes. Un petit marché est installé sur la place centrale du village.
Après cet arrêt, nous filons 20 kilomètres plus en nord en direction de Tilcara pour y découvrir le Pucará, forteresse du village construite par les indiens Omaguacas, de la tribu des Tilcaras. . Un guide nous accueille et entreprend de nous faire visiter le site. Il parle encore le Quechua. Nous marchons à travers les différentes constructions. Les Pucarás étaient des lieux défensifs mais aussi des sites religieux composés d’une nécropole et d’un centre sacrificiel.
On retrouve aussi sur le site du Pucará une pyramide tronquée, un monument commémoratif en souvenir des archéologues qui fouillèrent le site.
Après cette pause instructive, nous partons pour le village d’Humahuaca qui doit son nom au peuple indien des Omaguacas.
L’ensemble de ces villages visités fait partie intégrante de la Quebrada de Humahuaca, canyon déclaré patrimoine naturel et culturel de l’humanité en 2003 par l’UNESCO. Les villages abritent en effet des vestiges précolombiens et coloniaux, et notamment ceux de la culture Omaguaca. Humahuaca est un peu plus grande que ses deux voisines, elle abrite de nombreux petits commerces. Pour atteindre le Monument à l’indépendance situé sur la place qui surplombe le village, il faut faire encore quelques efforts ! Nous sommes presque à 3000 mètres, nous nous essoufflons de plus en plus vite !
La vue d’ici est splendide !
Après avoir déjeuné et gouté à la viande de lama, une viande sèche qui a le goût d’un mauvais steack, nous repartons dans l’autre sens. Sur le chemin, nous nous arrêtons pour prendre la pause devant le symbolique tropique du capricorne, matérialisé par un grand pic en pierre au milieu d’un champs.
Après une journée bien remplie et près de 300 kilomètres parcourus en bus, nous rentrons à Salta lessivés ! Dans deux jours il faudra pourtant reprendre la route !
Nous n’avons plus beaucoup de temps avant que Céline ne nous rejoigne au Pérou. Alors que nous avions choisi l’option frontière chilienne pour passer au Pérou via le Désert d’Atacama, nos plans se retrouvent plus que compromis. En effet, ici en Amérique du Sud, c’est le début de l’hiver et la route qui mène au Chili est bloquée à cause de la neige. Nous avons tout intérêt à partir de Salta au plus vite si nous ne voulons pas être tout simplement bloqués ici ! Nous choisissons donc l’option numéro deux, celle de passer par la Bolivie pour rejoindre le Pérou. Au lieu de visiter Atacama, c’est une excursion dans le Sud Lipez que nous ferons. La Bolivie n’étant pas réellement dans nos plans de voyage nous allons devoir bien bétonner notre itinéraire. Le passage de la frontière se fera à pied d’un village à un autre. Nous devons choisir un bus qui parte de Salta à la bonne heure pour ne pas arriver à la frontière de nuit, et ce, pour des questions de sécurité. La Bolivie, ce n’est pas l’Argentine, ni le Chili…
Ce trajet en bus sera des plus paisibles, nous sommes très peu nombreux, du coup il y a de la place !
Notre bus nous emmène donc jusqu’au village de La Quiaca, il nous dépose et nous devons nous diriger seuls en direction de la frontière. Heureusement, à la descente du bus, nous formons un petit groupe composé de deux anglaises, d’une américaine et d’une australienne. Nous rencontrons ensuite un jeune Argentin qui nous guide durant le passage de la frontière. Si les rues côté Argentine sont plutôt calmes, côté Bolivie, il y a foule ! Nous passons donc la frontière et entrons dans le village de Villazon où nous devons trouver du change ! Nous décidons d’aller retirer nos bolivianos à la seule banque du village, qui se trouve à l’autre bout de là où nous sommes, prêt de la gare routière. Avec un peu d’argent en poche, nous partons chercher notre bus dans le brouhaha ambiant. Notre destination : Tupiza. Nous n’avons pas de mal à trouver un bus. A peine arrivés près de la gare, nous nous faisons accoster par des dizaines de femmes hurlant chacune leur tour le nom des destinations qu’elles proposent, TUPIZA, LA PAZ etc… Nous dealons notre place à bord d’un bus de la compagnie Chorolque et nos amies nous suivent. Nous nous rendons compte dans le bus que nous n’avons pas tous payé le même prix. Il semblerait que le Français se débrouille mieux en affaire, ou alors c’est ma tête qui leur revient mieux ! Je pars me chercher du pop-corn et c’est la même histoire, je paye moins chère que mes amies anglaises. Etonnant ! Pour une fois ! Si je me suis mise en quête de pop-corn c’est parce que les empenadas que je viens d’acheter juste avant sont infectes. Nous ne resterons pas longtemps en Bolivie mais nous apprendrons très vite que la cuisine ici est loin d’être la meilleure du monde… Pour comprendre cet aspect là de la situation, suite au prochain épisode…
En attendant, nous embarquons dans notre bus surchargé de Boliviens et surtout de Cholitas, ces femmes boliviennes vêtues de leurs larges jupes traditionnelles ainsi que de leurs chapeaux melons si caractéristiques. Le moteur du bus fait un bruit tonitruant, pas sûr que nous sortions vivants de ce périple. A un moment donné, nous entendons un grosse explosion qui nous fait tous sursauter. Le chauffeur lui ne s’attarde pas sur ce détail, et continue à rouler jusqu’à ce que les passagers du bus tout entier élèvent la voix pour le contraindre de s’arrêter. Un pneu vient d’exploser… Nous sommes en plein milieu de nowhere, quelque part entre les 100 kilomètres qui séparent Villazon de Tupiza…
Heureusement, un pneu de secours est disponible ! Alleluia ! Le chauffeur et d’autres mécanos se mettent au travail et nous repartons une bonne demi-heure plus tard.
Nous espérons arriver à Tupiza avant la nuit pour pouvoir réserver notre expédition dans le Sud Lipez. Nous arrivons finalement à bon port en fin d’après-midi.
Après avoir négociés avec notre hôtel, nous décidons de partir dès le lendemain matin pour ne pas perdre de temps. En effet, nous devons être au Pérou dans les temps ! Le soir, nous rejoignons nos amies pour un petit restaurant conseillé par l’hôtel. Il sert soi-disant l’un des meilleurs Pique Macho de la ville, nous nous laissons tenter. Cette spécialité bolivienne est composée de viande de bœuf, de saucisses de porcs, de pommes de terre, d’œufs durs, d’oignons, de poivrons rouges et verts, de tomates et d’olives, auxquels s’ajoutent parfois des piments, tout cela servi en vrac. Résultat ? Très spécial, voire même peu ragoûtant ! Nous ne mangerons pas bien en Bolivie c’est certain. Et encore, nous ne sommes pas au bout de nos peines ! Je me dis aujourd’hui que nous aurions vraiment dû profiter de ce plat finalement assez correct comparé à ce qui nous attendait ensuite !
Suite des péripéties au prochain épisode !